La conférence de Dresde sur le Nexus (DNC) s’est tenue en ligne du 3 au 5 juin 2020. La DNC est une série de conférences internationales consacrées à l’avancement de la recherche et à la mise en œuvre d’une approche Nexus pour la gestion des ressources naturelles. Cette année, elle s’est concentrée sur les concepts offerts par l’approche Nexus pour soutenir la transition vers une économie circulaire.
ACTeon a assisté à cette conférence dans le cadre de SIM4NEXUS, un projet de recherche H2020 qui a débuté en 2016 et qui délivre maintenant ses résultats finaux. La conférence s’est révélée pleine d’enseignements et les expériences partagées par des centaines de chercheurs ou d’experts du monde entier nous ont permis d’avoir une vision plus large des questions liées aux Nexus et d’établir d’un programme de recherche pour les années à venir.
Voici quatre messages clés relevés par les membres d’ACTeon à l’issue de cette conférence :
1.La gestion durable des Nexus nécessite une base de données solide et complète
Le Nexus recouvre les domaines de l’eau, l’énergie, la nourriture/biomasse, le sol et son usage, les matériaux/minéraux et le climat. Les études mettant en œuvre une approche Nexus ont jusqu’à présent consacré de nombreux efforts à la collecte, l’harmonisation et le stockage de données provenant de sources diverses afin de comprendre les liens et les interactions entre les domaines du Nexus.
Cependant, ces études se concentrent généralement sur la collecte de données biophysiques, alors que les dimensions socio-économiques des liens sont trop souvent négligées. Or les activités économiques sont au cœur du Nexus et ignorer ces dimensions biaise la compréhension des freins et des leviers pour une gestion durable des ressources naturelles. La biodiversité et les écosystèmes sont également encore laissés de côté dans de nombreuses projets Nexus.
2.De la sensibilisation au développement d’outils d’aide à la décision : L’approche Nexus permet d’apporter des preuves scientifiques sur la rareté des ressources et de résoudre les conflits d’usage
La mise en œuvre d’une approche Nexus permet de servir différents niveaux d’ambitions et d’objectifs. La collecte, la centralisation et la visualisation des données permettent une prise de conscience objective des conflits et des synergies entre les politiques sectorielles. Les intervenants de la DNC ont témoigné de l’utilité d’une approche Nexus dans les processus de paix et de négociation, celle-ci permettant d’attirer l’attention sur la gestion durable des biens communs et de fonder ces processus sur des résultats scientifiques solides.
Le développement d’outils dédiés permet de relier les domaines du Nexus et de formuler des recommandations. Par exemple, le projet WaCCliM a permis le développement d’un outil d’évaluation et de suivi de la performance énergétique et du bilan carbone (ECAM) pour favoriser la réduction des émissions de GES dans les services de l’eau, tout en mettant l’accent sur les économies d’énergie pour réduire les coûts.
Les concepts d’économie circulaire et de Nexus mettent également en lumière les limites de la croissance. De nouveaux indicateurs sont encore à élaborer afin de mieux refléter la rareté des ressources et s’éloigner de la mesure du PIB. Il a été souligné que le progrès technologique n’est pas une panacée et les changements de comportement (y compris l’utilisation des terres rares) sont incontournables pour atteindre les objectifs de gestion durable.
Enfin, à tous les niveaux d’ambition, le développement d’outils visuels innovants est essentiel pour garantir la compréhension de la complexité du Nexus par les parties prenantes.
3. Le concept de Nexus est encore trop jeune pour trouver sa place dans le processus d’élaboration des politiques
L’objectif principal des approches Nexus est d’améliorer la cohérence des politiques (horizontalement entre secteurs/thématiques) et l’intégration (verticalement à travers les échelles administratives). Les contributions au cours de la DNC ont identifié les principaux problèmes et défis liés à l’application d’une approche Nexus dans la conception et la mise en œuvre des politiques publiques.
Tout d’abord, l’intégration de l’approche Nexus dans le processus de conception des politiques (quand ? où ? et comment ?) reste encore peu explorée.
L’approche Nexus apporte des réponses aux questions actuelles sur les arbitrages et limites en lien avec la réutilisation des eaux usées, par exemple. La récupération de l’eau est une technologie prometteuse mais mal maîtrisée celle-ci pourrait entraîner une augmentation de la demande énergétique ou engendrer des effets « rebond » sur le prélèvement des ressources en eau. En outre, il est important d’aligner la réflexion politique sur les résultats scientifiques en élaborant des politiques publiques concernant les domaines du Nexus pour lesquels les défis (futurs) sont les plus importants : l’usage durable des sols est aujourd’hui peu abordé, bien que cette question soit au cœur de l’atteinte de nombreux objectifs environnementaux ; la gestion durable de l’eau fait également l’objet de trop peu d’attention.
Enfin, sur le plan légal très peu de réflexions ont été menées sur l’intégration des domaines du Nexus ce qui entraîne une asymétrie dans la prise en compte de ces domaines par les réglementations et dans la planification. Les liens avec les systèmes de labellisation et de certification doivent également faire l’objet de davantage de recherche.
4.Les démarches de recherche futures devront mieux tenir compte des contraintes à la mise en œuvre d’une approche Nexus
La mise en œuvre d’une approche Nexus nécessite dans un premier temps de diffuser les messages clés auprès des publics cible. Au regard des modes de gouvernance actuels « en silo », cela implique souvent d’avoir à (re)formuler des messages adaptés et centrés sur chaque secteur économique.
La gouvernance Nexus ou « gouvernance polycentrique » n’est pas encore devenue réalité et l’un des défis actuels majeurs est la construction d’une « communauté de pratiques » perdurant après chaque étude ou projet Nexus.
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